Le géant de la littérature latino-américaine, Gabriel García-Márquez, est décédé le 17 avril 2014. La Bibliothèque latino-américaine et le Cercle Gabriel García-Márquez à Québec de la CASA latino-américaine et de l'Institut Canadien de Québec veulent lui rendre hommage par la communication suivante...
On dit souvent que les grands écrivains ont le don de l'anticipation historique et qu'ils font œuvre sociologique de leur temps avec élégance, plaisir et clarté. Dans ce sens, « Gabo », comme l'on l'appelle amicalement, est l'un des écrivains qui représentent le mieux l'Amérique latine Caraïbe, la Grande Patrie des grands rêves réalisés dans l'unité et avec panache comme l'épopée de l'indépendance et de l'utopie de l'intégration et l'égalité presque toujours repoussée par et dans la division.
Amérique latine, continent de la synthèse asymétrique de la diversité culturelle. Terre du baroque discursif et architectural, de la syntaxe de combinatoires exubérantes du réel et de l'imaginaire. Avec sa plume débordante de «magie» prémonitoire, Gabriel García-Márquez nous dépeint « Macondo », ce village de nulle part et, par ce fait même, village de partout de plus en plus présent dans le « village global » d'aujourd'hui, qui souffre de trois maux terribles qui ont été à la racine de sa perte : la peste de l'oubli, la folie de la vengeance, l'ignorance de soi-même. Ces trois maux, assez contemporains, ont rendu incapables leurs habitants de résister à la domination, à la dépendance et au pillage de leur village par la compagnie bananière. Garcia Marquez joue ici le rôle de prophète parce que ces trois fléaux de « Macondo » sont en train de s'étendre sur tous les villages de la Terre, sur toute la Terre.
Mais comme toute réalité n'est pas unidimensionnelle, laissons M. García-Márquez lui-même nous présenter l'autre côté de la médaille de notre temps avec quelques extraits de son discours de réception du prix Nobel de littérature, le 8 décembre 1982 :
« En dépit de tout ceci, face à l'oppression, au pillage et à l'abandon, notre réponse est la vie. Ni les déluges ni les pestes, ni les famines ni les cataclysmes, ni même les guerres éternelles à travers les siècles et les siècles n'ont réussi à réduire l'avantage tenace de la vie sur la mort.»
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