Nombreuses sont les militantes de la gauche québécoise qui posent un même diagnostic : les hommes tendent à monopoliser la parole dans les assemblées, dans les réunions, à y être plus écoutés et pris au sérieux.  Cette situation perdure malgré le fait que diverses pratiques aient été mises en œuvre dans bon nombre de groupes communautaires / syndicaux / politiques / étudiants pour tenter d'atténuer les inégalités de genre dans les prises de parole.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) utilise un arsenal d'outils (alternance hommes-femmes, garde du senti, caucus de discussion non-mixtes, utilisation de co-porte-paroles homme / femme, etc.) qui visent à combattre le sexisme à l'intérieur de ses structures, et qui sont présentés comme des acquis importants et non-négociables pour l'association.  Pourtant, en creusant un peu, on voit émerger des incohérences entre discours officiel, adhésion des membres et mise en application concrète de ces pratiques.

Quand on envisage les luttes féministes, on pense plus volontiers aux actions collectives menées contre les manifestations du système patriarcal qu'aux combats qui se jouent à l'intérieur même des organisations qui se présentent comme pro-féministes. Ces luttes ont pourtant des impacts importants sur l'engagement militant des personnes qui les mènent. C'est ce que je propose d'explorer dans cet atelier.

Je présenterai les grandes lignes de ce qui ressort des entretiens semi-dirigés que j'ai réalisés avec des personnes militant ou ayant milité à l'ASSÉ, et j'inviterai les participantes et participants à confronter ces résultats à leurs expériences et observations sur le terrain.  L'idée est de réfléchir ensemble à la notion de division genrée du travail, qui peut être mobilisée pour penser le travail militant mais aussi le « travail conversationnel » effectué par les personnes impliquées dans des groupes aux visées égalitaires.  On pourra – entre autres – se demander : Est-ce que les pratiques visant à partager la parole plus équitablement permettent de remettre en question la division traditionnelle du travail ?  Qui en bénéficie (le plus) ?  Quels outils alternatifs peut-on imaginer ?

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