Le 18 septembre prochain aura lieu une rencontre «portes ouvertes» à Saint-Basile-de-Portneuf sur le projet Énergie Est de TransCanada. Cette rencontre, organisée par la multinationale TransCanada, vise à «informer» la population de Portneuf et à la convaincre du bien-fondé de la construction de son pipeline et du passage de celui-ci dans la région. Brièvement, le projet d'oléoduc Énergie Est vise à acheminer du pétrole brut des sables bitumineux vers le Nouveau-Brunswick, le tout en passant par le Québec (notamment dans la région de Portneuf), dans le but d'envoyer la majorité de celui-ci sur les marchés d'exportation.

Ensemble, nous pouvons dire non au pétrole des sables bitumineux et oui à la transition énergétique.

Ensemble, exprimons notre désaccord face à TransCanada et à son projet de pétrolification du Québec.

( Notice du Média reseauforum.org : après vérification, précisons qu'il ne s'agit pas d'une manifestation, mais d'une invitation à participer.)

( L'événement sur Facebook )

Plusieurs raisons nous laissent croire qu'il n'y a aucun avantage à la réalisation d'un tel projet :

- Le transport par pipeline n'est pas une alternative sécuritaire par rapport au transport par train. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie (IEA), les déversements de pétrole provenant des pipelines laissent couler beaucoup plus de pétrole dans l'environnement que les déversements par train, ce qui vient à annuler le nombre moindre de déversements par pipeline par rapport au train. En Alberta seulement, le transport de pétrole par pipeline enregistre une moyenne de 7 déversements par semaine, toute taille de déversements confondue. De plus, le pétrole qui est sensé passer dans l'oléoduc Énergie Est est du bitume dilué, un pétrole plus lourd, plus corrosif et plus acide que la majorité des pétroles transportés habituellement par pipeline. Les risques de déversements y sont donc grandement augmentés.

- Ce projet ne créera que très peu d'emploi et de retombés économiques au Québec. Selon le professeur Jean-Thomas Bernard de l'Université d'Ottawa et Gaston Fortin, spécialiste en logistique des transports à l'Institut maritime du Québec, les emplois et les retombés économiques seront surtout concentrés aux extrémités du pipeline, soit en Alberta et au Nouveau-Brunswick. Ce projet ne créera donc qu'au maximum une cinquantaine d'emplois au Québec sur le long terme.

- Le développement de l'industrie des sables bitumineux crée un déséquilibre économique au sein du Canada, ce qui nuit aux entreprises québécoises. L'effet connu sous le nom du syndrome du «mal holandais» peut théoriquement être attribué aux effets économiques engendrés par le développement de l'industrie des sables bitumineux. En augmentant leur capacité de production, l'industrie des sables bitumineux de l'Alberta fait augmenter la valeur du huard partout au Canada, ce qui réduit les capacités de vente à l'étranger des autres provinces. S'en suivent des fermetures, des mises à pied ou des relocalisations d'entreprises pourtant bien établies au Canada et/ou au Québec.

- L'industrie des sables bitumineux est une des industries les plus polluantes à travers le monde. À chaque année, des scientifiques, des économistes et même des politiciens affirment que nous devons tout faire pour limiter nos productions de gaz à effet de serre, sans quoi plusieurs changements catastrophiques au niveau du climat affecteront notre qualité de vie future. En effet, des organisations mondialement reconnus, telles la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, reconnaissent l'urgence d'agir au niveau climatique si nous voulons assurer la prospérité de nos nations et de nos peuples dans les prochaines décennies. Les changements climatiques ne sont pas seulement une préoccupation écologique; les impacts des changements climatiques influenceront la vie de chaque être humain sur Terre, autant au niveau économique qu'au niveau du milieu dans lequel nous vivons.

- Le projet d'oléoduc n'aura fort probablement aucun impact sur les prix à la pompe. Malheureusement, pour les gens qui espèrent que ce futur développement pétrolier aura un impact à la baisse sur les prix à la pompe, il ne risque pas d'en être le cas. Selon le professeur aux HEC Pierre-Olivier Pineau, le prix de l'essence au Québec risque d'être inchangé, que ce soit avec ou sans pipeline. Pourquoi donc ? Parce que les prix du baril de pétrole sont négociés mondialement et que toute baisse du coût de production, s'il y en a, n'influence pas le prix du baril à la bourse. Les surplus sont donc ainsi gardés dans les poches des entreprises pétrolières, ces dernières étant albertaines pour le projet Énergie Est.

- Nous avons, au Québec, un potentiel de transition énergétique énorme. Nous n'avons qu'à penser à l'efficacité énergétique, aux énergies renouvelables, à l'électrification des transports, au transport en commun, aux transports actifs, à l'urbanisation écologique, etc. Toutes ces idées peuvent se concrétiser dans un futur proche si nous avons le courage de dire oui collectivement à cette transition énergétique et si nous refusons de céder à la propagande de l'industrie pétrolière. En plus d'être bénéfique sur l'aspect environnemental, la transition énergétique que le Québec pourrait opérer dès demain est nécessairement bonne sur le plan économique car cela nous permettrait de créer plusieurs milliers d'emplois durables, de réduire notre facture en hydrocarbures étrangers tout en favorisant le développement d'une économie québécoise forte, diversifiée et écologique.

Évidemment, ce ne sont pas les seules raisons pourquoi il est impératif de s'opposer à un tel projet. D'autres arguments viendront, soyez sans crainte. D'ici là, il faut toutefois faire les constats qui s'imposent: voulons-nous aller vers une économie polluante, qui enrichit les plus riches et appauvrit la classe moyenne et les plus pauvres OU voulons-nous d'une économie verte et bénéfique pour nos générations et les générations futures ? Poser la question, c'est y répondre.

Nous n'avons pas du tout les moyens de dire oui à TransCanada. La Colombie-Britannique et les États-Unis ont déjà émis plusieurs réserves sur les projets de pipeline des différentes multinationales et ces mêmes projets sont mis à risque à l'heure actuelle. Toutefois, la porte de sortie que représente le Québec pour les sables bitumineux albertains ne doit pas s'ouvrir davantage, sous peine de retarder une fois de plus une transition énergétique pourtant inévitable, nécessaire et bénéfique pour tous et toutes.