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Les conférencières et les conférenciers qui donnent vie à ce colloque proviennent de quatre organismes communautaires, de quatre pays et de dix universités.  Ensemble nous considèrerons l'Islam comme civilisation et comme religion mais aussi, en nous inspirant de l'anthropologie interprétative et de l'anthropologie «poststructuraliste», comme système de représentation, comme tradition discursive et comme technologie de soi.

Nous nous engagerons surtout dans une réflexion à plusieurs voix sur l'islamophobie visant les femmes, ou islamophobie genrée («gendered Islamophobia», une notion forgée par l'une de nos invitées, la professeure Jasmin Zine), car celles-ci attirent l'attention soutenue des médias traditionnels, des réseaux sociaux, et des débats publics et législatifs qui tendent à convertir les corps des sujets féminins musulmans en terrains de batailles politiques et idéologiques. 

Nous interrogerons les processus contemporains de négociation du vivre-ensemble dans des contextes où des citoyennes d'obédience musulmane se considèrent visées par une islamophobie parfois évidente et parfois plus subtile, mais toujours blessante, discriminante et excluante.  Là où l'altérité est aussi une épreuve. 

Nous nous demanderons aussi si l'islamophobie genrée serait une liberté d'expression, une stratégie discursive liée à une forme particulière de racisme, une radicalisation menant à la violence.  Sur ce dernier point notre plume hésite encore par décence à souligner que la tragédie meurtrière survenue le 29 janvier 2017, à quelques rues de l'Université Laval où se tient ce colloque, dans la Grande mosquée de Québec, nous donne, fort malheureusement, cruellement raison.  Encore faudrait-il mieux comprendre ce qu'il en est au juste de l'islamophobie et de l'expérience subjective qu'en font autant les citoyen.nes québécois musulmans que non-musulmans.  C'est à cette meilleure compréhension que prétend ce colloque.

Il serait trivial de souligner que la tragédie du 11 septembre 2001, ainsi que les nouveaux orientalismes savants et profanes, les tensions internationales et les mouvements migratoires massifs et récents, provenant de pays musulmans, ont contribué à renforcer et à largement répandre des sentiments, discours et actions anti-musulman.es et anti-islam.  Ceux-ci étaient par ailleurs déjà bien en place depuis la période coloniale, voire même depuis la Reconquista et bien avant.  Mais, alors que la notion d'islamophobie semble acquise, nous profiterons de ce colloque pour explorer plus en profondeur sa polysémie et pour interroger ses contours, sa portée et ses limites.  Un tel questionnement nous semble à la fois salutaire conceptuellement et nécessaire dans notre effort collectif de mieux comprendre le vivre-ensemble et ses tensions inhérentes qui, si nous apprenons à mieux les gérer ensemble, se transformeront en tensions créatrices.  Mieux comprendre l'islamophobie pour mieux déconstruire les mythes tenaces, mieux s'apprécier ensemble et mieux co-construire des projets de recherche-action qui répondront aux besoins théoriques, méthodologiques et pratiques des chercheuses et des chercheurs, des actrices et acteurs communautaires.

Bon colloque !

Places limitées : s'inscrire à abdelwahed.mekki-berrada ant.ulaval.ca

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Abdelwahed MEKKI-BERRADA, professeur titulaire (université Laval)

Après avoir obtenu son Ph.D. en anthropologie à l'Université de Montréal (1997), il a coordonné le secteur naissant de la recherche communautaire à la Table de concertation au service des personnes réfugiées et immigrantes (Montréal : 1997-2000).  Il s'est ensuite affilié à la Harvard School of Public Health (Boston, MA : 2000-2002) et à la University of Connecticut School of Medicine (Farmington, CT depuis 2002), avant de s'ancrer au Département d'anthropologie de l'Université Laval (depuis 2006).