Article du journal Le Soleil, Annie Morin, 18 avril 2014

Si le Port de Québec ne répond pas aux attentes du comité de vigilance des activités portuaires, c'est à cause du recours collectif lancé contre lui par des citoyens, justifie son président-directeur général, Mario Girard.

« Il y a un recours collectif dans ça. Mme [Véronique] Lalande siège au comité de vigilance. Elle pose plusieurs questions qui pourraient être utiles au procès. [...] Au fond, ça revient à dire: avant qu'on aille en cour, pouvez-vous vous déshabiller ici ? » a résumé M. Girard, en entrevue téléphonique au Soleil, à la suite de la publication de son plan d'action en développement durable 2014-2015.

Le pdg était invité à commenter les relations difficiles que son organisation entretient avec le comité de vigilance des activités portuaires mis sur pied par la province et la municipalité. Sa présidente, la conseillère municipale Suzanne Verreault, a soulevé à quelques reprises le manque de collaboration de l'Administration portuaire de Québec (APQ), qui n'a pas répondu à plusieurs questions posées par les membres dans les derniers mois.

Des données « sensibles »

Outre ce péril juridique, M. Girard brandit des arguments de sécurité pour retenir certaines données «sensibles». Tout en insistant pour dire qu'il s'agit de pure fiction, il donne un exemple : « Est-ce que vous trouveriez ça responsable si je disais qu'il va passer un conteneur avec des explosifs sur le fleuve à 3h05 ? »

Le dernier empêchement, c'est la concurrence. Le pdg du Port reconnaît aux entreprises locataires le droit de protéger des informations qui pourraient être récupérées par des entreprises du même secteur économique ou qui lorgnent des contrats similaires.

Pour le reste, il dit faire «travailler fort» ses subalternes pour répondre à un maximum de questions.

M. Girard ne va pas jusqu'à réclamer le départ de Véronique Lalande, la porte-parole du groupe Vigilance Port de Québec, car, selon lui, les informations transmises au comité de vigilance se rendraient tout de même aux citoyens qui ont intenté le recours collectif en lien avec les épisodes de poussière.

Dans son plan d'action, le Port propose d'ailleurs de «renforcer la participation active de l'APQ au comité de vigilance».

Mme Lalande s'est défendue jeudi en disant qu'elle n'éprouve aucun plaisir à poursuivre le Port de Québec pour la pollution qu'elle considère subir dans Limoilou. «On le fait parce qu'on est en face d'une entreprise qui refuse de reconnaître et d'assumer ses responsabilités», dit-elle.

La citoyenne fait valoir que l'APQ savait à quoi s'en tenir quand elle a accepté de participer au comité de vigilance des activités portuaires, puisque le recours collectif était déjà déposé. Elle ajoute que les demandes du comité ne sont pas de sa plume, mais formulées solidairement par ses 14 membres, parmi lesquels 6 représentants des citoyens.

Les couleurs du printemps

L'initiative citoyenne Vigilance Port de Québec fait circuler des photographies prises au cours des derniers jours dans le quartier Limoilou et montrant des dépôts rougeâtres, concentrés par la fonte des neiges. «Il est fort probable qu'il s'agisse d'un restant de l'épisode de poussière rouge rapporté en janvier et pour lequel un avis d'infraction [du ministère de l'Environnement] a été émis. Il y a aussi tout le reste, le noir et le gris qui est moins frappant, mais tout aussi dérangeant », dit le message transmis aux sympathisants, jeudi. La photo ci-contre, qui date de mardi, montre les berges de la rivière Saint-Charles à la hauteur du pont Dorchester, qui relie Limoilou au quartier Saint-Roch.

- Annie Morin, dans le journal Le Soleil, 18 avril 2014