Il est étrange de constater combien la pensée humaine est encore enfermée dans un conformisme archaïque. Ce ne serait pas trop grave si cela n'avait pas pour conséquence la montée des violences, l'augmentation de la misère, la détérioration de l'emploi, le déséquilibre abyssal entre les plus riches et les plus pauvres, la fragilisation des équilibres écologiques, etc.
Que proposent dans la grande majorité des cas les économistes, les personnages politiques, les ONG, les syndicats ?
Bien peu de choses sur le fond, les débats tournant autour d'un point de forme : où trouver l'argent pour financer les solutions possibles? Comme si cette richesse était aussi limitée qu'un gateau dont la seule question serait de savoir comment le répartir.. Et chacun joue des coudes pour faire valoir ses priorités, et chacun y va de sa proposition, mais tout se traduit en fin compte par un bras de fer entre les plus riches et les plus pauvres; les premiers cherchant à protéger leurs intérêts et les seconds ne voyant comme solution que d'aller prendre les sous dans la poche des premiers. Et tandis que la planète souffre, on en reste à rejouer une version moderne de la lutte des classes du XIXeme siècle, elle même à l'image des luttes qui ont opposés les plus faibles contre des plus forts depuis la nuit des temps.
L'être humain n'est-il par nature qu'un animal féroce condamné à faire son bonheur en arrachant la part qui pourrait revenir à l'autre ? La vie et la terre ne sont elles pas abondantes au point de permettre à chacun de vivre dans la dignité et la suffisance ?
En ce début de XXIème siècle, l'homme est confronté à une question fondamentale, question qu'il n'a jamais eu encore à se poser : comment satisfaire les besoins et aspirations légitimes de tous les habitants de la terre (6,5 milliards de nos jours), alors que les ressources naturelles non renouvelables sont en voie d'épuisement, et que les modes de production et de vie d'un cinquième de l'humanité se traduisent déjà par une alteration grave des équilibres écologiques ?
À question nouvelle, réponse nouvelle. Sommes nous démunis ?
Nous avons les connaissances que l'homme n'a encore jamais eu à sa disposition;
Nous avons des technologies d'une efficacité et d'une précision considérables, dont les progrès sont quasi quotidiens
Nous avons des ressources humaines disponibles en grande quantité grâce aux constantes améliorations de la productivité.
Alors ?
L'être humain reste jusqu'alors incapable de faire valoir ses immenses atouts, prisonnier qu'il est de deux croyances héritées du passé:
1. La compétition est le moteur naturel du développement
2. L'argent est rare
Si ces croyances étaient appropriées dans le contexte de lutte pour la survie qui a été le sien depuis sa génèse, elles se révèlent suicidaires aujourd'hui parce que les conditions de survie sont acquises et que c'est maintenant la Vie qui s'ouvre à lui, s'il veut bien ouvrir les yeux (et surtout son coeur)....
Malheureusement la plupart d'entre nous ne réalise pas que le contexte a changé, et aborde les problèmes de notre temps avec la conscience du passé, insensible au fait que c'est cette conscience même qui est à la source des problèmes que l'on rencontre.
Le salut de l'humanité repose aujourd'hui, non pas dans les moyens (qu'elle a), mais dans sa capacité à faire le saut de conscience qui la rendra capable de résoudre ses problèmes.
Il suffirait de comprendre:
1. que la coopération offrirait un potentiel de créativité infiniment plus vaste que la lutte fratricide pour la défense d'intérêts particuliers;
2. que l'argent moderne a la particularité d'être « créé » et donc de n'avoir aucunes autres limites que celles que les hommes lui donnent.
Puissions nous comprendre que le temps n'est plus à lutter les uns contre les autres; qu'il est à la réconciliation...
Qu'il n'est plus à vouloir prendre aux uns pour donner aux autres : qu'il est à la création de l'argent libéré de l'intérêt pour permettre la mise en oeuvre des biens et des sevices nécessaires à une vie digne sur une terre respectée...
Qu'il n'est plus dans la défense d'intérêts partisans; qu'il est dans la prise en compte prioritaire de l'intérêt commun planétaire...
Alors nous mettrions le pied dans la nouvelle ère qui n'attend qu'une chose, que nous nous débarassions des modes de pensée qui nous empêchent de le faire.
Philippe Derudder, chercheur en économie parallèle,
membre du GRESSO (Groupe de Recherches et d'Etudes des Systèmes SOciétaux)
et de AISES. (Association Internationale pour le Soutien aux Economies Sociétales)
Auteur de « La renaissance du plein emploi ou la forêt derrière l'arbre » - Trédaniel -
« Les aventiruers de l'abondance »et « Rendre la création monétaire à la société civile » Yves Michel.
« Les 10 plus gros monsonges sur l'économie » qui vient de paraître aux éditions Dangles, écrit en collaboration avec André-Jacques Holbecq
(présentation du livre sur http://www.10mensonges.org/)