Depuis plus d’une décennie, les orientations adoptées par les gouvernements successifs ont peu à peu entamé le filet social québécois.  Entretenant un état d'urgence autour des finances publiques, ils ont mis l'accent sur l’élimination de la dette en sabrant directement dans les programmes sociaux nécessaires à l'ensemble de la population.  Brandissant l’étendard trompeur de la « création de la richesse », ils ont baissés les impôts des compagnies et des biens nantis, hausser les tarifs (électricité, SAAQ, frais de scolarité) et présenter la privatisation progressive des services publics comme une panacée à tous les mots de la société.

Or, nos expériences passées, comme celles des autres pays, montrent clairement que la voie de la privatisation est celle de la réduction de l’accessibilité, de l’augmentation des coûts pour l’ensemble de la population, de la diminution de la qualité des services, de l'augmentation de l'endettement et, la plupart du temps, de la diminution des conditions décentes de travail.  Pour nous, c'est avant tout la solidarité et la justice sociale qui doivent servir de guide pour les politiques publiques.

Nous demandons que le prochain gouvernement favorise uniquement le système de santé public. L'accès à des soins de qualité est un droit qui n’est pas monnayable.  Nous sommes persuadés que, quelles que soient la formule retenue, le recours au privé nous engage dans une logique malsaine où les impératifs financiers prévaudront sur le bien-être de la population.  Ce qui n’exclut pas que l’on ne puisse fairemieux en santé! Par exemple, nous croyons que l’État pourrait récupérer des sommes importantes par l’établissement de moyens de contrôle efficaces de l’industrie pharmaceutique.   Il est en effet grand temps de véritablement s’attaquer à la surconsommation de médicaments tout favorisant l’utilisation des médicaments génériques.

Nous demandons de prêter une plus grande attention au système d'éducation. L'accessibilité à l'éducation, de la maternelle à l'université, est la pierre angulaire de la démocratie et la garantie d'une véritable liberté.  L'éducation demeure le moyen par lequel les individus peuvent espérer réaliser leurs rêves.  Dans cet optique, il est tout aussi indispensable que le gouvernement revienne sur le dégel injuste des frais de scolarité à l'université et qu’il n’y en ait pas aux niveaux collégial, secondaire et primaire.  Il est tout aussi nécessaire de réintégrer une vision humaniste de l'éducation, afin de revaloriser les institutions sociales de transmission des connaissances et de cesser de les considérer comme des usines à cerveaux.

Nous demandons que tout travailleur soit rémunéré à un niveau lui permettant d’avoir des conditions de vie décentes.  Nous réclamons un salaire minimum horaire au-delà du seuil de la pauvreté, soit de 10$ de l'heure ou plus.  Ensuite, il est essentiel d'apporter des modifications au code du travail, afin qu'il protège plus efficacement l'ensemble des travailleurs, québécois ou immigrants, syndiqués comme non-syndiqués.  Avec la période d'incertitude économique et de forte compétition internationale, il est plus que nécessaire qu'un bon nombre de mesures de formation continue et de réinsertion en emploi pour les travailleurs mis à pied.

Nous demandons que des actions concrètes soient posées afin d'enrayer les problématiques reliées au logement.  D'abord, il serait important d'obtenir un contrôle obligatoire des loyers et un registre des baux afin de mettre un terme aux hausses de loyer abusives.  Ensuite, un code du logement provincial devrait être mis sur pied, ce qui permettrait de fournir aux locataires une protection quant aux conditions minimales de santé et de sécurité dans les logements.  De surcroît, il serait plus que nécessaire que la Régie du logement améliore ses processus de gestion des plaintes. Finalement, afin d'enrayer la crise du logement à Québec, il est impératif qu'un grand nombre de logements sociaux soient construits à brève échéance.

Nous demandons l’adoption d’une véritable politique de conciliation famille-étude-travail.  Il est crucial que les horaires de gardes tiennent mieux compte des nouvelles réalités des parents, surtout considérant que les horaires de travail des jeunes sont de plus en plus irréguliers.  Ce pourrait être réalisé par un renforcement des services de garderies actuels et des centres de la petite enfance, puis par le développement de garderies à horaires atypiques.

Finalement nous demandons à ce qu'il y ait une augmentation substantielle du financement des programmes du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs.  La société québécoise doit miser sur l'efficacité énergétique et sur l'utilisation d’énergies alternatives propres, afin de réduire son impact sur la nature. De plus, l’adoption d’une politique nationale de l’eau, une véritable action pour augmenter la superficie et la qualité des aires protégées et une réglementation rendant l’identification des OGM obligatoire seraient des mesures environnementales plus que judicieuses.

Fondamentalement, il faut pour le Québec un projet de gouvernance emprunt d’humanisme, de solidarité, de liberté et de démocratie.

 
Réseau du Forum social de Québec Chaudière-Appalaches
- Comité de liaison.