La Bataille de Rabaska, pour mieux connaître les opposants

Par le passé, le site La vie rurale, par ses articles d'opinion, s'est montré en faveur du projet Rabaska. Nous avions l'impression que les opposants au projet de ce port méthanier sur lar rive sud de Québec étaient de doux rêveurs adeptes de l'immobilisme. Le documentaire La Bataille de Rabaska, de Magnus Isacsson et Martin Duckworth, permet d'avoir un autre son de cloche. En effet, les opposants ne sont pas des adeptes de l'immobilisme, mais questionnent la manière dont le dossier a été conduit tant sur le plan politique que légal. Force est d'avouer que certaines de leurs questions sont pertinentes d'autant plus qu'elles demeurent sans réponse.

Le film, produit par l'Office national du film (ONF), dresse un portrait plus en faveur des opposants que des promoteurs. Ceci étant dit, il ne prend pas clairement position contre Rabaska préférant soulever les failles du processus qui a mené à son acceptation sur le plan politique tant municipal, que provincial (audiences du BAPE). Il donne également la parole aux promoteurs, ce qui prouve une démarche journalistique sérieuse et respectueuse.

Ceci étant dit, personne ne peut viser l'objectivité absolue et ici les cinéastes ont un avis favorable aux opposants. Cela rend le film plus humain et plus touchant.

Durant 78 minutes, le spectateur est invité à suivre les démarches en vue de l'implantation du projet de port méthanier sur la rive-sud de Québec. Le tournage s'est effectué de 2004 à 2008. Les cinéastes Magnus Isacsson et Martin Duckworth ont suivi le combat mené par des citoyens contre le projet de terminal méthanier du consortium Rabaska juste en face de l'Île d'Orléans. Rappelons que le Gouvernement du Québec a donné son aval au projet le 25 octobre 2007. Les travaux sont prévus en 2010 et le gaz devrait arriver en 2014. Le film compare le poids de la mobilisation citoyenne face à des lobbies puissants (pétrole, gaz). De plus, le spectateur sera interpellé par les enjeux énergétiques et environnementaux qui attendent le Québec, surtout en matière d'énergie non renouvelable.

De manière plus personnalisée, les cinéastes décident d'entrer carrément au cœur de la bataille en suivant, entre autres, le couple Yves Saint-Laurent et Dominique Chabot, parents de trois enfants et vivant dans une maison ancestrale tout près des terrains où seraient construits le terminal méthanier. Ce que rapportaient les médias à l'époque de Monsieur Saint-Laurent n'était que l'image de l'activiste. L'actualité ne pouvant se permettre d'entrer dans le domaine des motivations personnelles et des émotions. Je me souviens d'avoir vu Monsieur Saint-Laurent à la télé et de me dire qu'il s'agissait là de quelqu'un adepte de l'immobilisme. Or, non, ce n'est pas le cas. Il s'agit d'un homme dont la famille est happée par le développement imprévu du projet Rabaska. La vie familiale et profressionnelle est chamboulée et dès lors le spectateur est invité à suivre les hauts et les bas de cette lutte. Bien sûr, on passe de l'inquiétude à la colère, on passe par l'espoir et le deuil. Le deuil de voir le consortium gagner. Le film se termine en nous apprenant que Monsieur Saint-Laurent et sa famille ont vendu leur maison. Ils quitteront le Québec en juin 2009 pour s'installer en Italie. Quant à Rabaska, le projet est retardé suite à des imprévus en matière d'approvisionnement de gaz.

La parole est aussi donnée à plusieurs résidents et militants : André Belisle, Daniel Breton, Jacques Levasseur, Lise Thibault, les musiciens Yves Lambert et Bob Walsh et, bien sûr, Thomas Mulcair ministre de l'Environnement de l'époque. Les défenseurs du projet ont aussi droit au chapitre : Glenn Kelly, ancien PDG de Rabaska, Jean Garon, ancien maire de Lévis et Pierre Garant le président de la chambre de commerce de Lévis.

Cette bataille épique est un événement important de l'histoire récente du Québec car elle concerne notre avenir énergétique, environnemental et politique. L'ironie dans tout ça, c'est que pour des raisons d'approvisionnement, Rabaska est retardé et peut-être, qui sait, éventuellement abandonné.

Le film est diffusé en salle depuis le 5 décembre au cinéma ONF à Montréal et au cinéma Cartier à Québec.

Horaire pour le cinéma Cartier :
Du 2 janvier au 8 janvier
11 h 05