Les militants d'Haïti Action Montréal accueillent la visite de l'avocat haïtien des droits humains, Mario Joseph, qui visitera le Québec et l'Ontario à la fin de février dans le cadre d'une tournée visant à faire le bilan des enjeux sociaux et du mouvement populaire en Haïti dix ans après le renversement d'un gouvernement élu.

Avec l'Afghanistan et la Libye, Haïti se classe parmi les principales interventions armées du Canada au courant de la dernière décennie. Face à un gouvernement haïtien de tendance progressiste qui refusait de privatiser les sociétés d'État et qui a augmenté le salaire minimum, le Canada a répondu en coupant l'aide bilatérale. De concert avec la France et les États-Unis, le Canada a encouragé une rébellion de la part d'anciens soldats de l'armée haïtienne que le président Aristide avait abolie. C'est sous le prétexte de "maintenir la paix" face à cette rébellion, que des soldats de ses trois pays (plus le Chili) ont occupé Haïti dès le 29 février 2004 et ont forcé le départ d'Aristide.

Depuis le début de sa carrière Me. Joseph travaille inlassablement du côté des pauvres en les accompagnant dans leur cheminement vers la justice et la démocratie. En 2000 Me. Joseph et ses collègues du Bureau des avocats internationaux (BAI) ont obtenu la condamnation des auteurs du massacre de Raboteau, survenu en 1994 sous le régime militaire de Raoul Cédras, au terme d'un procès qui fut largement salué comme marquant un pas vers la fin de l'impunité en Haïti. Toutefois, à la faveur du renversement du gouvernement élu ces tortionnaires ont été libérés de prison, et par la suite une nouvelle vague de violence a frappé les masses populaires, tout particulièrement dans les bidonvilles de la capitale. Depuis lors le travail du BAI a changé de focus, et Mario Joseph et ses collègues se sont empressés de défendre les prisonniers politiques et documenter les violations des droits humains, tout en militant pour un retour à la démocratie. La charge du travail s'est encore alourdie suite au séisme de janvier 2010, et Me. Joseph compte désormais parmi ses clients des femmes courageuses qui dénoncent leurs violeurs, des sans-abri ayant été évincés des campements de fortune, et des victimes de choléra qui poursuivent les forces de l'ONU.

Dix ans après, Haïti porte toujours les cicatrices laissées par un coup d'état que le Canada a soutenu activement à l'époque: c'est un pays à la merci d'élections truquées ("elections-sélection"), d'une occupation étrangère, et de plans d'ajustement de tendance néolibérale. La visite de Me. Joseph donnera une occasion à un public montéalais de mieux connaître le movement populaire haïtien, et en même temps de se questionner sur le rôle que le Canada exerce en Haïti depuis maintenant une décennie

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Pour d'autres infos sur Mario Joseph et le BAI: www.ijdh.org

Mario Joseph discutant l'état des droits humains en Haïti (vidéo sur Youtube)